lundi 29 avril 2013

"Nice" évasion

S'il est difficile de résister à un déjeuner au soleil sur le Cour Saleya ou à une pause Fooding chez René Socca, Du Gesu ou Fenocchio, Nice offre biens d'autres choses que son front de mer : par exemple une ballade architecturale entre Cimiez et La Buffa...

Comme dans un jeu de pistes marqué par les années 30, il faut suivre les motifs graphiques et les mosaïques de style byzantin disséminés en ville... 


Crédit photos // SLAVIA VINTAGE




Gloria Mansions (1934)




...dans cette ville balnéaire, transformée au gré des modes et des goûts des grands propriétaires,  en quête de modernité et d'ostentation. 



La Villa Monada et son jeu de cubes de 1933 sur la Promenade des Anglais



Restaurant  La Réserve 


Le plongeoir à deux niveaux de la Réserve (1941)


Traverser les différents quartiers de cette ville parsemée d'Art Déco, de modernisme et d'architecture rationaliste, dont l'un des plus beaux exemples est l'immeuble de l'électricité médicale (1953) situé au 59 rue de la Buffa.





Immeuble de l'Electricité médicale (1953)


Caserne des Pompiers de Magnan (1956)


Et se laisser surprendre par la Poste Thiers (1930) : bâtiment Art Déco en briques, d'inspiration hollandaise, totalement hors contexte, situé à deux pas de la Gare : les plans auraient été conçus pour la ville de Lille et attribués par une erreur administrative à Nice...

Ou par le style américain du bâtiment Gloria Mansions (1934) inspiré des "appartements-hôtel » construits entre 1900 et 1910 à New York. Au sommet de l'édifice, des aigles sombres et inquiétants rappellent les Gargouilles du Chrysler Building!

Amsterdam, New York, Byzance : Nice est une ville qui invite décidément à l'évasion.



Poste Thiers (1930)


Gloria Mansions (1934)

jeudi 25 avril 2013

NDSM - Amsterdam : l'énergie retrouvée de l'ancien chantier naval


Premières belles journées ensoleillées de l'autre côte de l'Ij adoucissant l'apparence un peu apocalyptique du port NDSM. Ici et là, un sous-marin échoué, des champs en friche, un tramway en attente, un lieu en apparence déserté...

En réalité, ce lieu grouille de vie! Il accueille des étudiants, dans des containers transformés en logements, et dans les hangars de l'ancien chantier naval, plus de 200 artistes qui, au coeur du projet NDSM, exploitent l'espace proposé pour y bâtir leurs installations. On peut ainsi, le long des couloirs de cet immense entrepôt, découvrir leurs ateliers,  puis,  à l'extérieur depuis la terrasse d'un café insolite niché dans une serre, profiter du spectacle du skate park...  Un nouveau visage de cette ville riche et diverse que j'ai été si heureuse de retrouver!




















Si vous aimez l'univers vintage de NDSM, vous aimerez peut-être

mardi 23 avril 2013

Atelier Mecanic, Bucarest : Christian Corvin


J'aime tomber par hasard sur des décors de cinéma... A Prague ce phénomène est assez fréquent : cette ville est, avec l'île de Malte, l'annexe d'Hollywood en Europe. Son architecture variée permet d'y tourner tant une série sur l'Italie mussolinienne qu'un film sur Jack l'éventreur dans un Londres pluvieux aux façades de briques...
Sensible aux lieux de tournage, je cherche à trouver des indices pour deviner si telle publicité ou long métrage a été filmé en Argentine, Espagne ou Tchéquie. Ce jeu m'a conduit à Christian Corvin, un architecte roumain très créatif qui, avant de se lancer dans des projets de décoration de bars et de restaurants à Bucarest, a longtemps travaillé dans le monde du cinéma en enchaînant des tournages tels que « Cold mountain » ou « The shadow man »... 
Restaurant Lacrimi si Sfiniti : frise composée de Legos



Tournage "The shadow man"

Cette expérience est visible dans son portfolio et dans sa façon d'investir les espaces.  Depuis 2009, à la manière de Laura Gonzalez en France, il recrée des univers : L'atelier Mecanic à Bucarest est une belle illustration de son travail.
Avec ses références au passé communiste, ses meubles patinés des années 50/60 et ses chaises dépareillées, ce bar est une véritable mise en scène où Christian Corvin raconte l'histoire du passé industriel de son pays ainsi que l'histoire du quartier, où l'on trouvait jusqu'à très récemment des nombreux ateliers de réparation...







Chaise Bogart  SLAVIA VINTAGE



Mais ce qui est surtout intéressant dans son travail c'est sa capacité à jouer avec des éléments du passé, tel que dans le restaurant traditionnel La Lacrimi si Sfiniti où des Lego font office de décorations folkloriques ou dans les bureaux Ing Bank où l'influence De Stijl est poussée  à l'extrême.
A suivre et à découvrir sur place lors d'un prochain voyage à Bucarest!



Restaurant Bon  photo des murs, composés de vielles portes récupérées, à la manière du concept store parisien Merci



Photos provenant du site officiel de Christian Corvin

samedi 20 avril 2013

Californian style


The Beginners, Ruby sparks, Like crazy... des films que j'aime voir et revoir pour y retrouver mes chaises fétiches, revisitées et plongées  dans la lumière si reconnaissable de LA: modèles des années 30 et 50, meublant des intérieurs californiens aux accents folk et design. 



"Ruby Sparks"  (réalisé par Jonathan Dayton et Valérie Faris - 2012/ Scénario Zoe Kazan)


Dans "Ruby sparks" (mis à part la si désirable maison néo-folk d'Annette Bening à Big Sur) les chaises Cesca de Marcel Breuer s'intègrent avec naturel à la maison contemporaine de Calvin, romancier à succès, qui peine à trouver l'inspiration jusqu'à ce qu'il invente et crée Ruby "la fille de ses rêves". 




Tout simplement, 6 chaises B64 en bois naturel, posées autour de la table blanche et minimale de la salle à manger (en haut à droite). L'effet est immédiat : le design aérien de ces chaises, conçues en 1928, irrésistible et résolument moderne.



Illustration du réalisateur du film "The Beginners"  Mike Mills


Dans "The Beginners": un de mes points faibles : les chaises à barreaux de style scandinave que j'accumule partout!

Comme Oliver d'ailleurs (le personnage interprété dans ce film par Ewan Mc Gregor) dont la maison regorge de modèles d'inspiration Ercol savamment dépareillés et posées entre  des piles de National Geographic, des plantes exotiques, des tapis ethniques et des drapeaux de l'Union Jack... 



"Beginners" (réalisé par Mike Mills - 2011)

Sans compter, la maison du père d'Oliver, apaisante et vivante avec son rocking chair, sa table basse en teck recouverte de livres, ses nombreuses céramiques et son piano...





Un style (faussement) désuet s'intègrant naturellement dans ce décor hors pair qu'est  "The Lovell House" (maison fonctionnaliste de Richard Neutra construite entre 1927 et 1929 où une partie du film a été tournée) que Shane Valentine et Coryander Friend, décorateurs du film, ont su personnaliser sans dénaturer.




"Like crazy" (réalisé par Drake Doremus - 2011)


Et puis "Like Crazy" : pas de modèle vintage à l'horizon mais un décor, le studio de Jacob , personnage principal, où priment l'espace, la lumière et la simplicité des formes. 

Et l'élément clé : LA chaise aux lignes épurées: gravée et essentielle... 

Une note californienne pour adoucir ce samedi pluvieux!


mardi 16 avril 2013

Gatsby le Magnifique F.Scott Fitzgerald / The great Gatsby


Prochaine ouverture du Festival de Cannes le 15 mai : "The Great Gatsby" de Baz Luhrmann... Fitzgerald retrouve la Côte d'Azur qui tant l'inspira et Gatsby revient. 

Gatsby revient toujours.





Parce qu'il est un archétype : celui d'un « caractère », d'abord. 

L'homme venu de nulle part, dont on ne sait rien ou presque, sinon les ombres qui nimbent son passé de mystère, et parvenu si près du sommet qu'il y tutoie ceux dont la naissance est en revanche aussi limpide qu'un pédigrée de chat de race. Proximité factice, évidemment, que trahissent des expressions trop old school pour sonner juste, des manières excessives, une prodigalité extravagante, insolente et finalement, vulgaire. 


Le parvenu magnifique, en somme, auquel on aime s'identifier dans son ascension pour mieux le laisser choir et le plaindre dans sa déchéance.





Mais Gatsby est aussi l'archétype – ou le paradigme – du roman parfait. 

Idéal dans le juste rapport entre son objet (une critique sociale acérée sans être nouvelle), ses proportions, ramassées et concises et son style cinématographique: ponctué d'accélérations empruntées à la vitesse des années Folles et au jazz, bande son d'une décade prodigieuse... 

Parfait aussi parce qu'il constitue la quintessence du talent de Scott Fitzerald. Une œuvre maîtresse, dans laquelle l'auteur prend d'avantage de distance avec les éléments auto-biographiques sans en abdiquer l'essentiel : la quête de légèreté et de flamboyance, l'amour obsessionnel d'une unique femme, l'absolue certitude de la disgrâce et le sentiment aigu de vanité.





Un roman dans lequel Scott Fitzerald, qui vit alors sur la Côte d'Azur une nouvelle crise avec Zelda (qu'il soupçonne – sans doute à tort, de le tromper avec un aviateur français) distille son mal être sans en garder les scories, telles que la propension à recycler situations romanesques et expressions. 

Ne reste que le diamant d'un court roman, non dénué d’ellipses, qui allie une construction savante du récit et des ruptures de rythme et licences cinématographiques (des bribes de conversation, une luminosité particulière, des tonalités éclatantes) si bien rendues dans la version scénarisée par Coppola en 1974 et incarnée – au sens propre, par Robert Redford.





Cette perfection ne frappe pas les contemporains de l'auteur – hormis ses coreligionnaires en écriture, tel Hemingway, qui lui pardonne tous ses égarements et lui offre son amitié inconditionnelle le jour où à l'issue d'une virée éthylique entre Lyon et Paris, il referme Gatsby. 

En 1922, le temps n'est pas encore venu pour un roman ciselé pour le cinéma, dont l'industrie décolle à peine. 

Les ellipses déroutent le lecteur, de même que le point de vue choisi : celui d'un narrateur à la fois proche et lointain. Ou encore l'irruption tardive du héros : « Gatsby, c'est moi » page 81.

Gatsby est donc un échec commercial et lorsque deux décennies plus tard, Scott Fitzerald entame Le dernier Nabab, premier roman à conter l'ascension des majors de Hollywood, il s'est déjà brûlé le cœur et les ailes : 

« Son talent était aussi naturel que les dessins poudrés sur les ailes d'un papillon. Au début, il en était aussi inconscient que le papillon et, quand tout fut emporté ou saccagé, il ne s'en aperçut même pas. Plus tard, il pris conscience de ses ailes endommagées et de leurs dessins, et il apprit à réfléchir, mais il ne pouvait plus voler car il avait perdu le goût du vol et il ne pouvait que se rappeler le temps où il s'y livrait sans effort ». 

Ernest Hemingway, Paris est une fête, Folio, p. 163.



J'ai découvert Jay Gatsby encore adolescente, sous les traits de Robert Redford. 

Je me souviens de la lumière hamiltonienne - souvent si agaçante et nocive pour la postérité de certains films des années 1970 - mais ici idéale pour rendre l'atmosphère d'éternel crépuscule de cette baie de West Egg, à Long island : concentré des différentes strates de la bourgeoisie américaine, celle des descendants du Mayflower et celle née au début de la prohibition, fortunes rapides et suspectes des spéculateurs de Wall Street avant le krach et des bootleggers

Je me souviens aussi des tons clairs : ceux des costumes de Gatsby créés par Ralph Lauren, de sa voiture reconnaissable entre toutes, convertie en arme de son destin funeste, des chapeaux de Daisy... De la musique aussi, tantôt proche, tantôt lointaine.


Plus tard, ce que j'imputais alors aux qualités propres du film, j'en ai découvert l'essence dans le roman. Tout comme j'y ai retrouvé l'irritation que me procurais Daisy-Mia Farrow! 



Si la très attendue adaptation de Baz Luhrmann peut ne pas être à la hauteur du joyau qu'est le Grand Gatsby, à cause du goût excessif de ce réalisateur pour la flamboyance... (même si j'ai confiance dans le talent de Leonardo Di Caprio pour apporter de l'épaisseur au personnage), qu'importe!

Les romans de Fitzerald nous tendent les bras : Tendre est la nuit, désespéré et solaire, mais aussi Fragments du paradis, les Heureux et les Damnés ou la Fêlure, plus auto-biographiques : la quête, aussi flamboyante que vaine, de l'éternelle jeunesse d'un couple, ça vous rappelle quelque chose ?

Et avec eux, tous ceux de la Génération perdue qui se font écho, dans la quête éperdue de leurs auteurs d'un sens à leur vie, dans la parenthèse vénéneuse et prolifique de l'Entre-deux guerres.

Je réalise qu'ensemble, ils forment la toile de fond de "Slavia vintage", entre Highball quartet et Derniers nababs...



Autres POSTS sur Scott Fitzgerald:  Tendre est la nuit :en suivant les pas de Scott Fitzgerald   et  Country club


dimanche 7 avril 2013

La vie en rose : Mackintosh

Est-ce cette intersaison interminable qui me fait penser à Charle Rennie Mackintosh et à son travail fait de lumière et d'ombres... Et mon envie de printemps à cette rose stylisée récurrente dans ses oeuvres: "The Hill House", "The Willow Tea room" ou "The Glasgow School of Art" .













Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

jeudi 4 avril 2013

Mariage à Mendoza, Herman Dune



Pochette du disque "Mariage à Mendoza" 
Herman Dune 2013
Bande originale du film Mariage à Mendoza 
(réalisé par Edouard Deluc et diffusé en février 2013)



"Mariage à Mendoza": quoi rêver de mieux que du groupe Herman Dune pour  composer la musique d'un road movie. Depuis "Giant" , leur mélodies entraînantes - "Lovers are waterproof", "Your name my game", "When we were still friends, "My home is nowhere without you", "I'd rather walk than run"... et leur pointe de mélancolie, accompagnent tous mes longs trajets.                 

C'est le cas aussi pour les deux frères, Marcus et Antoine, héros du film éponyme, venus en Argentine assister au mariage de leur cousin et qui, de Buenos Aires à la Vallée de la lune, parcourent l'Ouest du pays, au fil de rencontres improbables et finissent par mieux se retrouver. Les chansons "Holding a monument", "Brothers", Escape to the moon", "The new Mendoza" enveloppent la lumière de l'Argentine, ses paysages, la beauté de Gabriela. 

On ne peut que se laisser emporter et se sentir proche de ce pays, vivant, imprévisible et entier, que l'on a envie de parcourir à bord de ces vieilles Ford fabriquées pour le marché local, tantôt cabossées, tantôt reluisantes, que l'on croise  dans les rues du Microcentro à Buenos Aires.


 Crédit photos // SLAVIA VINTAGE