mercredi 16 septembre 2015

Edgar Bąk - NOWA WARSZAWA



Nous sommes très heureux de pouvoir proposer sur www.slavia-kolektiv.comla série d'affiches Nowa Warszawa réalisée par le graphiste polonais Edgar Bąk pour le "Nowy Teatr" de Varsovie, la compagnie du désormais incontournable Krzysztof Warlikowski. Ce fut l'occasion pour nous d'échanger longuement avec l'un des graphistes les plus en vue - mais surtout, les plus exigeants - de la scène polonaise. 




Le studio de ce diplômé  de  l'Académie des  Beaux  Arts  de Varsovie, se consacre  à  la communication visuelle de différentes institutions culturelles et à la conception d'affiches, couvertures de magazines et sites web. Il est aussi le directeur artistique du magazine Monitor et donne à Poznan des cours d'architecture de l'information et de typographie. Mais Edgar Bąk est surtout l'un des témoins privilégiés de l'effervescence des années 1990 et de l'entrée de la Pologne dans l'ère globale, où, comme il le souligne, les formes disponibles sont en nombre insuffisant pour permettre à tous les graphistes de se distinguer pleinement 



Les affiches sélectionnées et les extraits de notre entretien avec Edgar Bąk vous donneront un aperçu de ce regard original sur Varsovie, ses quartiers et sur la scène graphique actuelle.









En noir et blanc, des traits simples et minimalistes décomposent la capitale polonaise en fragments, captant l'essence de différents quartiers de Varsovie.  

Lorsque la compagnie de théâtre a effectué cette commande, elle n'avait pas de locaux officiels, mais profondément attachée à Varsovie, son identité ne pouvait pas être dissociée de la ville, de son urbanisme et des Varsoviens. 











Cette série est une belle introduction à l'approche d'Edgar Bąk marquée par l'importance du message, la géométrie et le recours à la typographie : créer un déclic est essentiel dans son langage visuel et c'est pour cette raison qu'il nous plaît tant!









"When you released the series we are proposing on our e-gallery, which is inspired by Warsaw’s districts, you said that you were amazed by how people appropriated these posters, and expressed their belonging to those districts. Was it your purpose and is this what you mean by this sense of localness?

First, I wanted to pay tribute to the city to which I moved decades ago, and where I feel very well. It quickly became clear that I was doing something that resonates and is important for the people so much that they bought neighbourhoods in which they lived despite the fact that they prefer other districts of the city. Being a neighbour is part of ones’ identity.

You love your city (we do too, although from abroad) and its urban landscape: what you think is unique to Warsaw, both with respect to other polish regional capitals and other European large cities?

This city has an incredibly complicated story, I'll try to briefly summarize. For over 200 years the country was divided between three Empires. World War I brought independence and with it the reconstruction of the city and replacement of neoclassical architecture by modern trends such as functionalism. World War II devastated the city up to 90% and rebuilding took place in the spirit of socialist realism. A mix of concrete slabs with what remained of the old urban plan. Then, years of 1990s’ postmodernism. A bit like in Berlin, many areas have remained under-developed. Flowing through Warsaw, the Wisła river is still quite wild: almost no waterfront, but several beaches. There you can meet wild pigs and beavers. It is a unique place for urban exploration."





"In reaction both to the high number of (visually good) projects using a limited amount of shapes, and to the need for graphic design to serve communication – and also commercial – purposes, you are developing the idea that authenticity is what can help distinguishing among so much projects. But what do you mean by authenticity?

Despite the educational system that unifies us, the temporary trends and customer expectations or the ubiquitous Internet, each of us has moments when he invents something new, something personal. But authenticity is not something I often think of now. I'm trying simply to spend time learning about new tools and how to play with them.

In relation with this, it seems that being from somewhere, matters to you. Can you elaborate on the relevance you give to this sense of belonging?


I do not know if there is a qualitative difference between having roots and global thinking, but in my case something good happens at the interface between both. I am very glad that I do represent a different culture from Western Europe, which is not Eastern European either. (…) Poland has always been for me the appropriate context of my work. On the one hand, there is this Polish tradition of design - and I'm not talking only about the Polish poster school, and on the other hand, the reality of our streets, the specific mix of East and West. It certainly brings a narrative that helps to create and read. As for my vision of graphic design: I believe that the image is important, especially now that it is infinitely diluted through internet. But since it is somehow limited by the language of geometry, I also know that this is not enough and that we need to look further, towards technology and the subconscious."


(Extraits de l'entretien de Slavia Kolektiv avec Edgar Bąk , 2015, tous droits réservés)





lundi 14 septembre 2015

ZUPAGRAFIKA - SLAVIA KOLEKTIV


Jeu de lignes et d'associations… Quelques photos prises chez les membres de SLAVIA KOLEKTIV - entre Aix, Prague et Paris - des affiches, on ne peut plus graphiques, du studio polonais ZUPAGRAFIKA





Affiche Wielkie Kino





Affiche Smolna 8










Affiche Slaskociag





 Affiche Arkigrafika







Crédit photos // SLAVIA VINTAGE

jeudi 10 septembre 2015

Cap moderne - La Villa E1027 d'Eileen Gray

E pour Eileen, 10 du J de Jean, 2 du B de Badovici, 7 du G de Gray… après l'exposition permanente qui lui est consacrée à Dublin, et la rétrospective au Centre Pompidou, nous avons de nouveau mis nos pas dans ceux d'Eileen Gray. 

Ayant vu l'avancée des travaux de restauration de la Villa E1027 lors d'une visite au Cabanon de Le Corbusier, quelques mètres plus haut, nous espérions être parmi les premiers chanceux à découvrir cette villa aux allures de yacht 1920s, qui se dresse sur ses pilotis de béton au-dessus de la plage de Roquebrune-Cap Martin.









Voici donc quelques photos de ce manifeste du style "international", qui conformément à la commande de Jean Badovici à sa compagne d'alors - "une maison pour un homme aimant le travail, les sports et recevoir des amis", n'oublie pas sa fonction première, celle d'un lieu de villégiature, avec ses stores, ses bâches en toile de voile, son code couleur bleu et blanc et son solarium.

Eileen Gray s'implique avec passion dans ce qui restera l'une de ses deux seules réalisations architecturales, conduisant les travaux, créant un mobilier spécifique modulable et inventif et parsemant la villa d'inscriptions pratiques et humoristiques à destination des amis et visiteurs : "L'Invitation au voyage", "Entrez lentement", "Défense de rire", "Sens interdit", "Chapeaux", "Oreillers", "Pyjamas" ou même "Dents" au-dessus du lavabo de la salle de bain… 










Elle ne profitera malheureusement guère des lieux, suite à sa séparation d'avec Badovici, quelques années plus tard et souffrira du destin de "sa" villa. 

Blessure d'orgueil légitime, d'abord, lorsque Badovici et Le Corbusier s'accaparent le lieu au propre (Le Corbusier, qui avait pourtant rendu hommage "à l'esprit rare qui se dégage de l'organisation intérieure et extérieure de la maison" profanant l'unité de contrastes voulue par Gray avec ses fresques colorées) comme au figuré (lorsque la villa est créditée à Badovici à l'occasion d'une rétrospective d'architecture moderne après guerre). 

Tristesse, aussi, lorsque la villa est occupée par la Wehrmacht, puis laissée en déshérence suite à la mort de Badovici.









Tandis que la riviera se bétonne inexorablement, la maison, rachetée par une riche helvète sur l'intervention de son compatriote Le Corbusier, tombe dans l'anonymat d'une résidence ordinaire. 

Elle ne retrouvera la lumière que dans le crépitement des flashs autour de deux drames : la mort par noyade de Le Corbusier, retrouvé au pied de la villa un jour de l'été 1965 et l'assassinat du médecin Heinz Peter Kägi en 1996. Héroïnomane, celui-ci avait été soupçonné par lés héritiers de la propriétaire suisse, décédée au début des années 1980, d'avoir quelque peu hâté sa mort et rédigé un acte de vente aprocryphe lui occtroyant la "villa du bord de mer", ainsi qu'aimait à l'appeler Eileen Gray. 

Avec un tel passé, pas étonnant que l'on songe aux enquêtes d'Hercule Poirot, en observant Monte-Carlo depuis le balcon du salon...






Crédit photos // SLAVIA VINTAGE